Des étudiants israéliens et étrangers, apprennent à aider les populations marginalisées de la planète grâce au programme d’études «Glocal»

 

Penser global et agir local

Quel est le point commun entre l'agriculture au Burundi, l'autonomisation des femmes en Inde, la santé publique au Népal et la sécurité alimentaire en Éthiopie? Ce sont quelques-uns des nombreux projets dans lesquels les étudiants du Programme d'études de développement communautaire Glocal se sont spécialisés.

Ce nouveau programme en deux ans de niveau Master proposé par la Faculté des sciences sociales de l'Université de Jérusalem forme des professionnels qualifiés pour travailler avec les communautés sous-développées à travers le monde. Leurs enseignements de la théorie du développement international sont complétés par une expérience de terrain grâce à un stage de 6 mois avec une ONG internationale en Asie, en Afrique, en Amérique latine ou avec une communauté marginalisée en Israël.

 Le 8 avril dernier, les étudiants et alumni du programme Glocal ont présenté leur travail réalisé au cours de leurs stages à l'étranger, afin de partager leurs expériences et examiner ensemble les défis des diverses communautés à travers le monde. L'événement intitulé « Dans nos yeux: Visualisation du développement communautaire», a été entrepris en collaboration avec le doyen des étudiants. Il a consisté en une exposition de photos prises par les élèves pendant leurs stages, en une mini-conférence sur des thèmes liés au développement communautaire et à des débats parallèles sur des sujets tels que « Conservation environnementale et développement économique», «Droits de l'Homme et migration» et «l'autonomisation et la santé des Femmes ».

Selon Aya Navon, la coordonnatrice des stages et professeur du programme  Glocal : « les photos de l'exposition représentent  leur propre définition du développement communautaire et leur façon de comprendre le concept après deux années d'études ». L'exposition s'articule autour de quatre principes du développement communautaire choisis par les étudiants : la dignité, l'apprentissage, le partage et la parole. Ainsi, les étudiants ont souhaité faire entendre les voix des personnes de ces communautés aux visiteurs rencontrés sur le campus, en capturant dans leurs images les différentes facettes de la puissance, de la capacité et de la beauté qui demeurent néanmoins dans les communautés confrontées à la pauvreté, la guerre et les catastrophes.

Le professeur Steven Kaplan, Directeur académique du programme Glocal, a déclaré: «Il s'agit d'un programme véritablement international tant en termes de vision académique que dans la diversité de ses étudiants et de l'expérience pratique qu'il fournit. Maintenant plus que jamais, les universités jouent un rôle important dans l'arène publique, et les grandes universités se sont tournées vers le monde non seulement pour enseigner, mais aussi apprendre et construire de véritables partenariats. Nous sommes fiers de faire partie de la tendance croissante de ce 21ème siècle, le "Tikkun Olam" (réparation  du monde)».


«L'Université de Jérusalem a soutenu l'exposition de photos et a fourni un espace pour exposer la créativité des élèves et des professeurs», a déclaré Michal Mor, Conservateur de l'Université. « Dans cette exposition, nous avons pu exprimer visuellement l'essence du travail des étudiants dans différents pays du Tiers-Monde. Le contenu académique est également présenté dans cette exposition en portant une attention toute particulière à chaque pays et à ses difficultés spécifiques. »
 
Parmi les intervenants de la conférence, Anne-Sophie Cardinal, une étudiante canadienne, a créé un organisme bénévole appelé «devenir» avant de commencer ses études à Glocal. Elle a expliqué que « l'un des principaux projets de l'organisation est un fonds de bourses pour les jeunes dans les zones défavorisées au Kenya et en Haïti, où seulement 22% des enfants atteignent le niveau secondaire». Elle a choisi ce programme qui offre une formation universitaire en relation avec un domaine dans lequel elle était déjà impliquée.  «Je voulais faire un stage avec des enfants et des orphelins auprès de l'organisation internationale CARE, mais je ne l’ai pas obtenu. A la place, j’ai effectué un stage au Bénin où j'ai participé au secours de la population victime de nombreuses inondations de rivière. Environ 30.000 personnes ont été déplacées de leurs foyers. Lors de la conférence, j’ai parlé de leur déplacement, mais aussi de leur détermination, et leur adaptabilité. Ces mots sont justes pour toutes les personnes avec lesquelles j'ai travaillé ».

Adar Zahavi, qui a été volontaire en Ouganda il y a plusieurs années, a réalisé que c'était ce qu'il voulait faire dans la vie. «Je voulais apprendre comment le faire professionnellement, afin de faire face aux nombreux dilemmes éthiques liés à ce domaine, et surtout pour acquérir les outils et  des connaissances plus approfondies  sur le sujet ». Zahavi a parlé de l’émigration des jeunes, un signe de détresse économique. «Dans le cadre du stage, j'ai élaboré des programmes visant à promouvoir les jeunes d'une tribu du nord-est de l'Inde. Beaucoup d'entre eux abandonnent l'école et partent vers les grandes villes pour tenter de gagner leur vie. Ils sont confrontés à des obstacles culturels et un nombre considérable d'entre eux retournent au village déçus. Le phénomène de migration et sa relation avec le développement communautaire est  de plus en plus pertinent aujourd'hui et j'ai l'intention de continuer dans cette voie à l'issue de mes études. »

Itay Ziv, un autre étudiant,  s’est rendu en Ouganda pour faire du bénévolat après avoir obtenu une licence. Après son séjour là-bas, il s'est rendu compte qu'il voulait s'engager dans le développement communautaire en Afrique à titre plus formel. «Je suis enseignant de profession et c'est ce que j'ai fait en Ouganda, mais j'ai réalisé que l'éducation seule ne suffit pas et que je voulais en savoir plus ». « Le programme de développement communautaire Glocal se spécialise sur le Tiers-Monde, mais l’enseignement est diversifié : nous avons appris la sociologie, la médecine, les questions de genre, l'économie, la démographie, tout en mettant l'accent sur l'aide. »

Ziv a fait son stage à l'Alliance coopérative du Kenya, où il a aidé les coopératives à élaborer des projets d’entreprise et à acquérir des compétences. "En Israël, j'ai aussi réussi à mettre en évidence l'importance de la question du développement communautaire qui m’a manqué dans ma formation d’enseignant de lycée car il n’y avait pas d’enseignement sur le phénomène de mondialisation. Mes élèves ont été très intéressés par le sujet car ils ont été exposés à des contenus qu'ils n'avaient jamais vus ailleurs, et cela leur a permis d’élargir leurs connaissances. Par conséquent, j'ai lancé le projet de créer un cours spécifique sur la mondialisation, l’approbation par le ministère de l'Éducation est maintenant en attente... »