La Terre et l'Eau
Les risques et les bénéfices du traitement des eaux usées
Il y a un siècle, avant même la création de l'État d'Israël, les fermiers de la région avaient compris que pour développer une production agricole suffisante et nourrir la population croissante, ils devaient mettre au point des procédés permettant de faire face aux difficultés induites par l’hostilité du climat et de la géographie du pays. Plus de la moitié de la terre d'Israël est désertique et seulement 20 % est naturellement arable. Les ressources en eau sont rares et la quantité de pluie varie fortement d'une année à l'autre.
Leur solution avant-gardiste – le recyclage des eaux usées pour un usage agricole – fit toute la différence. Près de 95 % des eaux usées israéliennes sont traitées ; 80 % de ces dernières sont utilisées pour des activités agricoles et le reste est nettoyé puis renvoyé à son milieu naturel. À titre comparatif, environ 17 % de l'eau d'irrigation en Espagne provient des eaux usées ; seulement 11 % de l'eau d'irrigation totale de la Floride provient des eaux usées ; et les eaux usées recyclées
en Californie ne représentent que 6 % de l'eau d'irrigation, la plupart étant utilisée pour arroser des champs non cultivés, tels que les terrains de golf.
Les chiffres qu'affiche Israël sont certes impressionnants, mais le traitement des eaux usées à des fins de réutilisation est très complexe. L'eau traitée laisse de nombreux polluants dans le sol, dont des pesticides, des herbicides, voire des antibiotiques. Les cultures irriguées avec les eaux usées absorbent et accumulent des principes actifs, qui pénètrent ensuite dans les aliments. « Même les eaux usées recyclées selon des méthodes extrêmement performantes comportent des traces de composants chimiques non contrôlés », affirme Benny Chefetz, professeur en Chimie de l'Environnement et du Sol du Département des Sciences du Sol et de l'Eau.
Le professeur Chefetz et son équipe du Centre d'Excellence en Agriculture et Santé de l'Environnement réalisent une étude sophistiquée sur la manière exacte dont ces polluants pénètrent dans les nappes phréatiques situées sous les champs agricoles et étudient leurs effets sur les plantes, les animaux et l'Homme. Leur objectif vise à développer une technique fiable permettant de détecter et de mesurer les produits pharmaceutiques provenant de l'eau potable, tout en oeuvrant pour augmenter l'efficacité du processus de recyclage.
Le blé fait partie des principaux aliments de base du monde et représente environ 20 % de la consommation calorique à l'échelle internationale. La production d'un kilo de blé nécessite environ 1 500 litres d'eau. Tandis que la population mondiale ne cesse de croître, les ressources en eau continuent à s'amenuiser, ce qui accélère le besoin de développer des espèces de blé résistantes à la sécheresse.
L'amidonnier sauvage appartenant au genre des blés, fait partie des premières céréales à avoir été domestiquées dans le Croissant fertile il y a environ 10 000 ans. En s'adaptant à une grande variété de conditions écologiques et géographiques différentes, il a développé toute une mosaïque de caractéristiques génétiques. En revanche, la domestication végétale et les méthodes de culture modernes ont considérablement appauvri cette diversité génétique.
Les progrès récents dans le développement d'outils moléculaires et génomiques ont permis aux chercheurs du département de l'Institut des Sciences Végétales et de la Génétique Appliquée à l'Agriculture d'identifier et de cartographier les caractéristiques uniques du blé ancien. Leur étude, publiée dans le journal Frontiers in Plant Science, décrit la réussite de la réintroduction de gènes oubliés au cours de la domestication et de la culture des plantes. Leurs efforts dédiés à enrichir le patrimoine génétique moderne de cette diversité cruciale ont apporté la première preuve qui démontre qu'en introduisant des gènes spécifiques issus de l'amidonnier sauvage, on pouvait améliorer la productivité et la résistance à la sécheresse du blé domestiqué.
Le professeur Yehoshua Saranga, maître de conférences en agronomie du département de l'Institut des Sciences Végétales et de la Génétique Appliquée à l'Agriculture, dirige l'équipe israélienne qui participe au projet de recherche sur le blé de l'Union européenne, constituée de 20 chercheurs issus de 10 pays différents. Leur objectif vise à renforcer la production du blé tendre et de l'orge grâce au développement de nouvelles variétés nécessitant moins de fertilisants
et de suppléments, tout en respectant la santé et l'environnement.
Tous les chercheurs travaillent sur les mêmes cultivars de blé et d'orge, en étudiant leur comportement dans des conditions de culture différentes. La Faculté d'Agriculture de l'Université Hébraïque de Jérusalem a été chargée de caractériser les céréales tolérantes à la sécheresse.
Aujourd'hui, dans sa ferme expérimentale, elle cultive un lot de blé avec un total de 350 millimètres (11,8 onces) d'eau seulement, et un autre avec le double.
Plus d'information sur : http://www.agri.huji.ac.il/english/index.html